Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 7.djvu/304

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vie qui paraîtrait insupportable, et qui le serait sans doute, au jugement de Laloubère, dans un climat moins chaud que Siam ou que la Thébaïde. Ceux des villes et ceux des bois sont obligés, sans exception, de garder le célibat sous peine du feu, tant qu’ils demeurent dans leur profession. Le roi, dont ils reconnaissent l’autorité, ne leur fait jamais grâce sur cet important article, parce qu’ayant de grands priviléges, et surtout l’exemption de six mois de corvées, leur profession deviendrait fort nuisible à l’état, si l’indolence naturelle des Siamois n’avait ce frein qui les empêche de l’embrasser. C’est dans la même vue qu’il les fait quelquefois examiner sur leur savoir, c’est-à-dire sur la langue du pays et sur les livres de la nation. À l’arrivée des Français, il venait d’en réduire plusieurs milliers à la condition séculière, parce qu’ils manquaient de savoir. Leur examinateur avait été Oc-Louang-Souracac, jeune mandarin de trente ans ; mais les talapoins des forêts avaient refusé de subir l’examen d’un séculier, et ne voulaient être soumis qu’à celui de leurs supérieurs.

Ils expliquent au peuple la doctrine qui est contenue dans leurs livres. Les jours marqués pour leurs prédications sont le lendemain de toutes les nouvelles et de toutes les pleines lunes. Lorsque la rivière est enflée par les pluies, et jusqu’à ce que l’inondation commence à baisser, ils prêchent chaque jour,