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depuis six heures du matin jusqu’à dîner, et depuis une heure après midi jusqu’à cinq heures du soir. Le prédicateur est assis les jambes croisées dans un fauteuil élevé, et plusieurs talapoins se succèdent dans cet office. Le peuple est assis aux temples ; il approuve la doctrine qu’on lui prêche par deux mots balis, qui signifient oui, monseigneur : chacun donne ensuite son aumône au prédicateur ; un talapoin qui prêche souvent ne manque jamais de s’enrichir. C’est le temps de l’inondation que les Européens ont nommé le carême des talapoins. Leur jeûne consiste à ne rien manger depuis midi, à l’exception du bétel, qu’ils peuvent mâcher ; mais cette abstinence doit leur coûter d’autant moins, que dans les autres temps ils ne mangent que du fruit le soir. Les Indiens sont naturellement si sobres, qu’ils peuvent soutenir un long jeûne avec le secours d’un peu de liqueur, dans laquelle ils mêlent de la poudre de quelque bois amer.

Après la récolte du riz, les talapoins vont passer les nuits pendant trois semaines à veiller au milieu des champs, sous de petites huttes qui forment entre elles un carré régulier : celle du supérieur occupe le centre et s’élève au-dessus des autres. Le jour, ils viennent visiter le temple et dormir dans leurs cellules. Aucun voyageur n’explique l’esprit de cet usage, ni ce que signifient des chapelets de cent huit grains, sur lesquels ils récitent