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des prières en langue balie. Dans leurs veilles nocturnes, ils ne font pas de feu pour écarter les bêtes féroces, quoique les Siamois ne voyagent point sans cette précaution. Aussi le peuple regarde-t-il comme un miracle que les talapoins ne soient pas dévorés. Ceux des forêts vivent dans la même sécurité ; ils n’ont ni couvens, ni temples, et le peuple est persuadé que les tigres, les éléphans et les rhinocéros, loin de les attaquer ou de leur nuire, leur lèchent les pieds et les mains, lorsqu’ils les trouvent endormis. Laloubère, admirant leur genre de vie, juge qu’ils passent la nuit dans des fourrés bien épais, pour se garantir de ces animaux. « D’ailleurs, si l’on trouvait, dit-il, les restes de quelque homme dévoré, on ne présumerait jamais que ce fût un talapoin ; ou si l’on en pouvait douter, on s’imaginerait qu’il aurait été méchant, sans en être moins persuadé que les bêtes respectent les bons.

Ils ont la tête et les pieds nus comme le reste du peuple. Leurs habits consistent dans un pagne, qu’ils portent, comme les séculiers, autour des reins et des cuisses, mais qui est de toile jaune, avec quatre autres pièces de toile qui distinguent leur profession. L’usage des chemises de mousseline et des vestes leur est interdit. Dans leurs quêtes, ils ont un bassin de fer pour recevoir ce qu’on leur donne ; mais ils doivent le porter dans un sac de toile, qui leur pend du côté gauche, aux deux bouts