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Ce qui s’offre à l’idole doit passer par les mains d’un talapoin, qui le met ordinairement sur l’autel, et qui le retire ensuite pour l’employer à son usage. Le peuple offre des bougies allumées, que les talapoins attachent aux genoux de la statue ; mais les sacrifices sanglans sont défendus, par la même loi qui ne permet de tuer aucun animal.

À la pleine lune du cinquième mois, les talapoins lavent l’idole avec des eaux parfumées, en observant par respect de ne pas lui mouiller la tête ; ils lavent ensuite leur sancrat ; le peuple va laver aussi les sancrats et les autres talapoins : dans les familles, les enfans lavent leurs parens, sans aucun égard pour le sexe. Cet usage s’observe aussi dans le pays de Laos, avec cette singularité, qu’on y lave le roi même dans une rivière.

Les talapoins n’ont pas d’horloges ; ils ne doivent se laver que lorsqu’il fait assez clair pour discerner les veines de leurs mains, dans la crainte de s’exposer, pendant l’obscurité, à tuer quelque insecte en mettant le pied dessus sans s’en apercevoir ; ainsi, quoique leur cloche les éveille avant le jour, ils ne s’en lèvent pas plus matin. Leur premier exercice est d’aller passer deux heures au temple avec leur supérieur ; ils y chantent ou récitent des prières en langue balie, assis les jambes croisées, et remuant sans cesse leur talapat, comme s’ils voulaient se donner du vent. Ils prononcent chaque syllabe à temps égaux et sur le