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pas les femelles, qu’on a déjà fait sortir successivement par l’autre porte. Aussitôt qu’il y est entré, on lui jette sur le dos plusieurs seaux d’eau pour le rafraîchir ; et dans le même instant, avec une promptitude et une adresse incroyables, on le lie aux troncs du corridor avec les lacets qu’il traîne à ses pieds. Ensuite on fait entrer à reculons, par l’autre porte, un mâle apprivoisé, au cou duquel on le lie aussi par le cou ; on le détache alors des troncs, pour lui laisser la liberté de suivre l’éléphant privé, qui le traîne presque autant qu’il le conduit. En sortant, il se trouve entre deux autres éléphans qu’on a placés des deux côtés de la porte, et qui aident, comme le premier, à le mener sous un hangar voisin, où il est attaché de fort près par le cou à un gros pivot. Il demeure vingt-quatre heures dans cet état. Pendant ce temps, on lui mène deux ou trois des éléphans privés pour lui tenir compagnie : de là il se laisse conduire assez facilement dans la loge qu’on lui a destinée. On assura Laloubère que les plus sauvages prennent leur parti en huit jours, et s’accoutument à l’esclavage.

Les Siamois prétendent que les éléphans sont sensibles à l’air de grandeur ; qu’ils aiment à voir autour d’eux plusieurs valets pour les servir, et des femelles pour leurs maîtresses, quoiqu’ils ne désirent leur commerce que dans les forêts, lorsqu’ils sont en pleine liberté ; que sans ce faste ils s’affligent de leur condition, et que, s’ils font quelque faute considérable, le