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de venir se prosterner plusieurs fois le jour devant le corps, et de renouveler leurs lamentations avec des cérémonies fort ennuyeuses.

Les personnes riches apportent beaucoup de soin, dans leur vieillesse, à se préparer un cercueil, et n’y épargnent point la dépense. On observe une distinction pour le sexe. Un homme qui meurt est revêtu de sept de ses meilleurs habits ; une femme, de neuf. On met dans la bouche des personnes de qualité de petites pièces d’or et d’argent, et de la semence de perles, pour les garantir de l’indigence dans une nouvelle vie. On remplit aussi la bouche des pauvres ; mais de choses peu précieuses, et dans la seule vue d’empêcher par cette espèce de frein qu’ils ne puissent tourmenter les vivans. Quelques-uns placent dans leur cercueil un vase plein de riz qui est enterré avec eux. On n’emploie point de clous pour fermer le cercueil. Il est calfaté d’une espèce de ciment dont Baron parle avec admiration. L’usage du moindre clou passerait pour une insulte qu’on ferait au corps.

En le conduisant à la sépulture, les fils sont vêtus d’habits grossiers, et portent des bonnets qui ne le sont pas moins. Ils ont à la main des bâtons sur lesquels ils s’appuient, dans la crainte que l’excès de la douleur ne les fasse tomber. Les femmes et les filles ont la tête couverte d’un drap qui les dérobe à la vue, mais qui laisse entendre leurs cris et leurs gémisse-