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chez leurs plus fidèles alliés, il paraît qu’ils en furent redevables à l’estime du seigneur Constance pour leur nation, soit qu’elle vînt de la haute opinion qu’il avait de la France, ou de son goût particulier pour les sciences. Les ordres furent donnés pour recevoir l’ambassadeur avec une distinction extraordinaire ; il fut complimenté par les principaux seigneurs du royaume ; Constance alla marquer lui-même, dans la ville de Siam, la maison où l’ambassadeur devait être reçu, et fit bâtir dans le voisinage divers appartemens pour loger les gentilshommes de sa suite. On éleva de cinq en cinq lieues, sur le bord de la rivière, des maisons fort propres et magnifiquement meublées, jusqu’à la Tabanque, qui est à une heure de chemin de la ville de Siam, pour servir à son délassement dans la route. Les ballons de l’état furent préparés avec beaucoup de diligence, et la dépense fut aussi peu épargnée que le travail pour donner tout l’éclat possible à la fête.

Les grands mandarins, qui furent chargés du premier compliment, étant entrés dans le vaisseau de l’ambassadeur, le plus ancien, après l’avoir félicité de son heureuse arrivée, ajouta, suivant les idées de la métempsycose, dont la plupart des Orientaux sont fort entêtés, « qu’il savait bien que son excellence avait autrefois été employée à de grandes affaires, et qu’il y avait plus de mille ans qu’elle était venue de France à Siam pour renouveler