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l’amitié des rois qui gouvernaient alors ces deux royaumes. » L’ambassadeur, ayant répondu au compliment, ajouta « qu’il ne se souvenait pas d’avoir jamais été chargé d’une si importante négociation, et que c’était le premier voyage qu’il croyait avoir fait à Siam. » En rentrant dans la galère qui les avait apportés à bord, les mandarins écrivirent tout ce qu’ils avaient vu et tout ce qu’on leur avait dit sur le vaisseau français.

Tachard, ayant reçu ordre de prendre les devans avec deux de ses compagnons, se mit avec eux dans une chaloupe qui arriva le soir à l’entrée de la rivière. Sa largeur en cet endroit n’est que d’une petite lieue. Une demi-lieue plus loin, elle se rétrécit de plus de deux tiers ; et de là, sa plus grande largeur n’est que d’environ cent soixante pas. Mais son canal est fort beau et ne manque pas de profondeur. La barre est un banc de vase qui se trouve à l’embouchure, où les plus hautes marées ne donnent pas plus de douze ou treize pieds d’eau. Tachard parle avec admiration de la vue de cette rivière. « Le rivage, dit-il, est couvert des deux côtés de grands arbres toujours verts. Au delà ce ne sont que de vastes prairies à perte de vue et couvertes de riz. Comme les terres que la rivière arrose, jusqu’à une journée au-dessus de Siam, sont extrêmement basses, la plupart sont inondées pendant la moitié de l’année ; et ce débordement régulier est causé par les pluies, qui ne manquent