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jamais de durer plusieurs mois. C’est à ces inondations que le royaume de Siam est redevable d’une si grande abondance de riz, qu’outre la nourriture de ses habitans, il en fournit à tous les états voisins. Elles donnent aussi la commodité de pouvoir aller en ballon jusqu’au milieu des champs ; ce qui répand de toutes parts une prodigieuse quantité de ces petits bâtimens. On en voit de grands qui sont couverts comme des maisons. Ils servent de logement à des familles entières, et, se joignant plusieurs ensemble, ils forment en divers endroits comme des villages flottans. »

La nuit, qui surprit les trois jésuites, ne les empêcha point de continuer leur voyage. Ils eurent l’agréable spectacle d’une multitude innombrable de mouches luisantes, dont tous les arbres qui bordent la rivière étaient couverts ; on les aurait pris pour autant de grands lustres chargés d’une infinité de lumières, que la réflexion de l’eau, unie alors comme une glace, multipliait à l’infini. Mais, tandis qu’ils étaient occupés de cette vue, ils se trouvèrent tout d’un coup enveloppés d’une prodigieuse quantité de mousquites ou de maringouins, dont l’aiguillon est si perçant, qu’il pénètre au travers des habits. Au point du jour ils découvrirent un grand nombre de singes et de sapajous qui grimpaient sur les arbres, et qui allaient par bandes. Mais rien ne leur parut plus agréable que les aigrettes dont les arbres sont couverts ; il semble de