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une fort belle symétrie. C’est le seul édifice du pays auquel les mathématiciens jésuites aient trouvé de la régularité et de la proportion.

De là, ils se rendirent à Louvo, qui est dans une situation très-agréable, et jouit d’un air fort sain. Elle était devenue grande et fort peuplée depuis que le roi y faisait un long séjour. M. de la Marre avait déjà reçu ordre de la fortifier à l’européenne.

L’ambassadeur, qui s’était rendu aussi à Louvo, fut conduit à l’audience, où le roi lui parla des six jésuites qu’il avait amenés, et que le roi de France envoyait, lui dit-il, pour faire leurs observations dans les Indes et pour travailler à la perfection des arts. C’était sous cette idée que le seigneur Constance les avait annoncés à la cour. Pendant l’audience, les jésuites visitèrent les jardins et les dehors du palais. Sa situation est fort belle. Il est placé au bord de la rivière, sur un terrain peu élevé ; l’enceinte en est grande. Tachard n’y vit rien de plus remarquable que deux corps de logis détachés, dont les toits étaient tout éclatans de dorure. Cet éclat provient d’un vernis jaune dont les tuiles sont revêtues, et qui brille autant que de l’or aux rayons du soleil.

Le soir on fit promener l’ambassadeur et toute sa suite sur des éléphans. Dès le jour de sa première audience, on lui avait fait voir dans le palais de Siam l’éléphant blanc, pour lequel on a tant de vénération dans les Indes, et qui avait fait le sujet de plusieurs guerres.