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les chariots et les chevaux passent par-dessus. Du côté qui restait ouvert, les anciens rois ont ceint la ville d’un large fossé, qui n’a pas moins de quarante milles de long, et qui reçoit son eau de la rivière. La terre qu’on en a tirée sert comme de rempart.

» Entre une infinité de marchés qui sont distribués dans toute la ville, on en compte dix principaux, dont chacun forme un carré de deux milles. Ils sont à quatre milles de distance l’un de l’autre, et font tous face à la principale rue, qui a quarante brasses de largeur, et qui traverse toute la ville. On voit à Quin-Sai un grand nombre de palais avec leurs jardins, mêlés entre les maisons des marchands. La presse est si grande dans les rues, qu’on a peine à comprendre d’où l’on peut tirer assez de vivres pour nourrir tant de monde. Un officier de la douane assura Mare-Pol qu’il s’y consommait tous les jours trois somas de poivre, chaque soma contenant deux cent trente-trois livres ; par où l’on doit juger quelle devait être la quantité des autres provisions. Des deux côtés de la grande rue est un pavé large de dix brasses ; le milieu est de gravier, avec des passages pour l’eau. On aperçoit de tous côtés de longs chariots capables de contenir six personnes, et qui sont à louer, pour prendre l’air ou pour d’autres usages. Toutes les autres rues sont pavées en pierre. Derrière le marché coule un grand canal, bordé de spacieux magasins de pierre,