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pour les marchandises de l’Inde et d’autres lieux.

» Dans ces marchés, où quantité de rues aboutissent, il se rassemble trois fois la semaine quarante ou cinquante mille personnes qui apportent par les canaux une si grande abondance de toutes sortes de légumes, de viande et de gibier, que quatre canards s’y donnent pour quatre sous de Venise. Entre les fruits, on y trouve d’excellentes poires qui pèsent jusqu’à dix livres. Le raisin y vient de divers autres lieux, parce qu’il ne croît point de vignes aux environs de Quin-Sai ; mais on y apporte chaque jour, de la mer et du lac, une prodigieuse quantité de poisson frais. Tous les marchés sont environnés de maisons fort hautes, avec des boutiques où l’on vend toutes sortes de marchandises. Quelques-unes ont des bains d’eau froide et d’eau chaude ; les premiers, pour les habitans du pays, qui ont dès leur enfance l’usage de s’y laver tous les jours ; les autres, pour les étrangers qui ne sont pas accoutumés à l’eau froide.

» Il n’y a pas de ville au monde où l’on trouve tant de médecins, d’astrologues et de femmes publiques. À chaque coin des marchés est un palais où réside un magistrat qui juge tous les différens du commerce, et qui veille sur la garde des ponts.

» Les habitans du pays ont le teint blanc. La plupart sont vêtus de soie, qu’ils ont en fort grande abondance. Leurs maisons sont