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pour faire souvenir leurs monarques que les revenus sur lesquels est fondée leur puissance, venant du travail et de la sueur du peuple, ne doivent point être employés au faste et à la débauche, mais aux nécessités de l’état.

La seconde province de la Chine, nommée Kiang-nan, est remarquable surtout par la célèbre ville de Nankin. Si l’on peut s’en rapporter aux anciens Chinois, Nankin ou Kiang-ning-fou était autrefois la plus belle ville du monde : ils disent que, si deux hommes à cheval sortent dès le matin par la même porte, et qu’on leur ordonne d’en faire le tour au galop, chacun de son côté, ils ne se rejoindront que le soir. C’est du moins la plus grande ville de la Chine. La circonférence de ses murs est de cinquante-sept lis, environ six lieues.

Nankin n’est pas à plus d’une lieue du grand fleuve de Yang-tsé-kiang, d’où elle reçoit des barques par divers canaux de communication. Cette ville est de figure irrégulière, à cause de la nature du terrain et des montagnes qui se trouvent renfermées dans son enceinte. Elle est d’ailleurs extrêmement déchue de son ancienne splendeur. Il n’y reste aucune trace de ses magnifiques palais. Son observatoire est négligé et presque détruit. Tous ses temples, les tombeaux des empereurs et les autres monumens ont été démolis par les Tartares, dans leur première invasion. Un tiers de la ville est désert, quoique