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d’or dans la partie de l’île dont ils sont les maîtres, et n’osant se hasarder dans les montagnes, envoyèrent un petit vaisseau dans la partie orientale, où ils savaient que la nature avait placé les mines. Les habitans firent un accueil favorable à leurs envoyés ; mais, alarmés peut-être de leurs recherches, ils ne leur donnèrent aucun éclaircissement sur l’objet de leur voyage. Tout ce que les Chinois découvrirent après huit jours de perquisition, fut un petit nombre de lingots qui se trouvaient comme négligés dans les cabanes des habitans. Cette vue enflamma leur avarice ; ils feignirent de vouloir témoigner leur reconnaissance à de généreux bienfaiteurs qui les avaient aidés à réparer leur vaisseau ; et, les ayant enivrés dans un grand festin qu’ils leur donnèrent, ils les égorgèrent barbarement pour remettre à la voile avec les lingots. Cette funeste nouvelle ne fut pas plus tôt répandue dans la partie orientale de l’île, que tous les habitans prirent les armes ; ils entrèrent dans la partie occidentale où ils mirent à feu et à sang toutes les habitations chinoises, sans épargner les femmes et les enfans. Depuis ce temps, le feu de la guerre ne s’est pas ralenti entre les deux parties de l’île.

Celle qui est habitée par les Chinois mérite le nom de Formose, qu’elle a reçu effectivement pour sa beauté : l’air y est pur et toujours serein ; la.terre y produit en abondance du blé, du riz et d’autres grains : elle est arrosée par