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Les mandarins examinent soigneusement tout ce qui entre dans l’île ou qui en sort. Il n’est pas permis aux Chinois mêmes de s’y établir sans passe-port et sans caution, parce que les Tartares sont persuadés que celui qui s’en rendrait maître serait en état de susciter de grands troubles dans l’empire ; aussi l’empereur y entretient-il une garnison de dix mille hommes.

Le gouvernement et les mœurs des Chinois de l’île Formose ne diffèrent en rien du gouvernement et des mœurs de la Chine ; mais les naturels, qui vivent dans leur dépendance, sont divisés en quarante-cinq bourgs qui portent le nom de ché. On en compte trente-six dans la partie du nord, tous assez peuplés et bâtis dans le goût chinois ; et neuf dans la partie du sud, qui ne méritent que le nom d’amas de cabanes ; elles sont en bambou, couvertes de chaume, et placées sur une sorte de terrasse haute de trois ou quatre pieds ; elles ont la forme d’entonnoirs renversés, de quinze, vingt, trente ou quarante pieds de diamètre. Quelques-unes sont divisées par des cloisons. Au reste, on n’y trouve ni chaises, ni bancs, ni tables, ni lits , ni aucune sorte de meuble. Au centre est une espèce de cheminée ou de fourneau élevé à deux pieds de terre, qui sert de cuisine. La nourriture ordinaire des habitans est le riz ou d’autres petits grains, et le gibier qu’ils tuent avec leurs armes ou qu’ils prennent à la course. Ils sont si légers, qu’on les a vus