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d’aliment plus commun et à meilleur marché qu’une pâte de féves qu’ils appellent teu-feu : ils font avec la farine de la féve de grands gâteaux en forme de fromages, qui ont cinq ou six pouces d’épaisseur. On y trouve peu de goût lorsqu’on les mange crus ; mais, cuits à l’eau, et préparés avec certaines herbes, avec du poisson et d’autres mets, c’est un fort bon aliment ; frits au beurre, ils sont excellens : on les mange aussi séchés et fumés, avec de la graine de carvi ; et cette méthode est la meilleure. Il s’en fait une consommation incroyable. Depuis l’empereur et les mandarins jusqu’au dernier paysan, tout le monde aime beaucoup le teu-feu, et souvent on le préfère au poulet. La livre, qui est de plus de vingt onces, ne coûte nulle part plus d’un demi-sou. On prétend que ceux qui en usent ne ressentent aucune altération du changement d’air et de climat ; et cette raison en rend l’usage encore plus commun pour les voyageurs.

Quoique le thé soit la liqueur ordinaire de la Chine, on y boit aussi une sorte de vin fait avec le riz, mais d’une espèce différente que celui qui se mange ; il y a diverses manières de le préparer. En voici une : on laisse tremper le riz dans l’eau pendant vingt ou trente jours, avec d’autres ingrédiens ; ensuite, le faisant bouillir jusqu’à dissolution, on le voit aussitôt fermenter et se couvrir d’une légère écume, qui ressemble assez à celle du vin nouveau ; sous cette écume est le vin pur, qu’on tire au