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Dès le moment de la naissance, on donne aux enfans le nom de leur famille, c’est-à-dire un nom commun à tous ceux qui descendent du même grand-père. Un mois après, on y joint un diminutif, que les Chinois appellent un nom de lait, et qui est ordinairement celui d’une fleur, d’un animal, ou de quelque autre créature. Au commencement de ses études, un enfant reçoit de son maître un nouveau nom qu’il porte entre ses condisciples. Lorsqu’il est arrivé à l’âge viril, il en prend un autre qu’il porte entre ses amis : c’est celui qu’il conserve, et qu’il signe ordinairement au bas de ses lettres ; enfin, s’il parvient à quelque emploi considérable, il choisit un nom convenable à son rang ou à son mérite ; et lorsqu’on parle de lui, la politesse ne permet plus qu’on lui en donne d’autre. Ce serait une incivilité grossière de l’appeler de son nom de famille, à moins qu’on y fût autorisé par la supériorité du rang.

La piété filiale étant le principal fondement du gouvernement chinois, les anciens sages de la nation se persuadèrent que rien n’était plus capable d’inspirer aux enfans le respect et la soumission qu’ils doivent à leurs parens pendant leur vie, que de voir rendre aux morts des témoignages continuels de la plus profonde vénération. C’est pour cette raison que les rituels prescrivent avec tant d’exactitude toutes les cérémonies qui regardent les morts, telles que l’usage en est établi dans