Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/39

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quante ans, et qu’on met à côté ce que nous étions en ce genre, et même ce que nous sommes encore, on est forcé de convenir que, sur plus d’un objet, nous sommes demeurés fort au-dessous de ceux à qui nous avons d’ailleurs quelque droit de nous croire supérieurs.

Avant le départ des ambassadeurs, le feu prit au palais pendant la nuit. On soupçonna les astrologues d’avoir allumé l’incendie, parce qu’ils l’avaient prédit quelques mois auparavant. Il y eut deux cent cinquante maisons de brûlées, et plusieurs personnes des deux sexes périrent dans l’incendie ; mais l’honneur des astrologues fut sauvé, et c’est ainsi que se sont conduits trop souvent les imposteurs qui parlent au nom de Dieu.

Desideri, jésuite italien et missionnaire, offre un tableau effrayant des montagnes du Caucase sur la route du Thibet, et dans le Thibet même, qu’il visita en 1715. Après avoir passé la première, dit-il, on en trouve une autre beaucoup plus élevée, qui est suivie d’une troisième ; et plus on monte, plus il reste à monter jusqu’à la dernière, qui est la plus haute, et qui se nomme Pire-Penjal. Les païens la respectent beaucoup ; ils y portent leurs offrandes, et rendent leurs adorations à un vénérable vieillard qu’ils supposent établi pour la garde du lieu. On a cru trouver dans cette fable un reste de celle de Prométhée, que les poëtes représentent enchaîné sur le mont Caucase.