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Le sommet du Pire-Penjal est toujours couvert de neige ou de glace. Il fallut douze jours au missionnaire pour traverser à pied cette montagne, avec des peines incroyables, à travers des torrens de neige fondue, qui se précipitent si impétueusement sur les rochers et sur les pierres, que Desideri aurait eu plus d’une fois le malheur d’être entraîné, s’il n’eut saisi la queue d’un bœuf pour se soutenir : il n’eut pas moins à souffrir du froid, parce qu’il n’avait pas pensé à se pourvoir d’habits convenables au voyage.

Le grand Thibet commence au sommet d’une affreuse montagne qui se nomme Kautal, et qui est sans cesse couverte de neige ; elle appartient d’un côté au pays de Cachemire, et de l’autre au Thibet. Les missionnaires étant partis de Cachemire, employèrent quarante jours pour se rendre à Ladak, où le roi du Thibet faisait sa résidence. Desideri peint cette suite de montagnes qu’il avait traversées, et qu’il représente comme un théâtre d’horreurs ; elles sont comme entassées l’une sur l’autre, et séparées par de si petits intervalles, qu’à peine laissent-elles un passage aux torrens qui se précipitent entre les rochers avec un bruit capable d’effrayer les plus intrépides voyageurs.

Le sommet et le pied de ces montagnes étant également impraticables, on est obligé de tourner sur les revers, et les chemins ont si peu de largeur, qu’on a quelquefois peine à placer le pied. Il y faut veiller d’autant plus sur soi-