Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 8.djvu/87

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penchant des montagnes : s’il se trouve un bois voisin, il s’y retire ; mais il ne va jamais bien loin, et sa fuite est ordinairement du revers d’une montagne à l’autre. On poste des chasseurs, avec des demi-piques armées d’un fer très-large, dans les endroits par où l’on juge qu’il prendra son chemin : on les place ordinairement par pelotons sur le sommet des montagnes. Des gardes à cheval observent la remise : tous ont ordre de pousser de grands cris lorsque le tigre s’avance de leur côté, dans la vue de le faire retourner sur ses pas, et de l’obliger à fuir vers le lieu où l’empereur s’est placé.

» Ce prince se tenait ordinairement sur le revers opposé à celui qu’occupait le tigre, avec la vallée entre deux, du moins lorsque la distance n’excédait pas la portée d’un bon mousquet. Il était environné de trente ou quarante piqueurs armés de hallebardes ou de demi-piques, dont ils font une espèce de haie ; ils ont un genou à terre, et présentent le bout de leur demi-pique du côté par où le tigre peut venir ; ils la tiennent des deux mains, l’une vers le milieu, et l’autre assez proche du fer. Dans cet état, ils sont toujours prêts à recevoir le tigre, qui prend quelquefois sa course avec tant de rapidité, qu’on n’aurait pas le temps de s’opposer à ses efforts, si l’on n’était constamment sur ses gardes. L’empereur est derrière les piqueurs, accompagné de quelques-uns de ses gardes et de ses domestiques :