Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/200

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reurs qui ont gouverné la Chine : on y trouve l’histoire et les lois de l’empereur Yao, avec toutes les mesures qu’il prit pour établir une forme de gouvernement dans ses états, les règlemens de Chun et de Yu, ses successeurs, pour améliorer les mœurs et affermir la tranquillité publique ; les usages des petits rois qui gouvernaient les provinces sous la dépendance de l’empereur ; leurs vertus, leurs vices, leurs maximes de gouvernement, leurs guerres mutuelles, les grands hommes qui florissaient de leur temps, et tous les autres événemens qui ont paru dignes d’être transmis à la postérité.

Les historiens de chaque règne ont suivi la même méthode. Mais ce qui distingue beaucoup les Chinois, c’est l’attention qu’ils ont apportée, et les précautions qu’ils ont prises pour garantir leurs histoires de cette partialité que la flatterie n’aurait pas manqué d’y introduire. Une de leurs précautions consiste à choisir un certain nombre de docteurs désintéressés, dont l’office est d’observer tous les discours et toutes les actions de l’empereur, de les écrire, chacun en particulier, sans aucune communication l’un avec l’autre, et de mettre leurs remarques dans une espèce de tronc destiné à cet usage. Ils rapportent avec sincérité tout ce que leur maître a fait ou dit de bien et de mal : par exemple, tel jour l’empereur oublia sa dignité ; il ne fut pas maître de lui-même, et se laissa vaincre par la colère : tel jour il n’écouta que son ressentiment pour ordonner une