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les lettres, ont un peu humilié les savans chinois.  »

Observons ici que, sous le nom de savans ou de lettrés, on comprend tous les étudians de la Chine, soit qu’ils aient pris quelque degré, ou qu’ils n’y soient point encore parvenus, soit employés ou sans emplois. Tous les mandarins sont lettrés ; mais tous les lettrés ne sont pas mandarins.

Les laboureurs à la Chine sont au-dessus des marchands et des artisans ; ils jouissent de plus grands priviléges, et leur profession est regardée comme la plus nécessaire à l’état. Les Chinois prétendent, suivant Navarette, que l’empereur est obligé de leur accorder une protection spéciale, et d’augmenter sans cesse leurs prérogatives, parce que c’est de leur travail et de leur industrie que toute la nation tire sa subsistance. Il est certain qu’elle ne pourrait pas vivre sans l’application et les efforts continuels que les paysans apportent à l’agriculture. La Chine est si peuplée, que toutes ses terres cultivées jusqu’à la moindre partie, comme elles le sont effectivement, suffisent à peine pour la nourriture de tous ses habitans. Un empire si vaste a peu de ressource dans le secours des étrangers, pour suppléer à ses besoins, quand même ses relations avec eux seraient mieux établies. C’est par cette raison qu’on y a toujours regardé le progrès de l’agriculture comme un des principaux objets du gouvernement, et que les