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finie, à cause de la multitude des ouvriers. Dans quelques endroits de la province de Fo-kien, les montagnes sont contiguës, sans être fort hautes. Mais quoiqu’on y trouve à peine quelques vallées, l’art des habitans est parvenu à les cultiver, en conduisant de l’une à l’autre une abondante quantité d’eau par des tuyaux de bambou.

C’est à cette admirable industrie des paysans que la Chine est redevable de l’abondance de ses grains et de ses légumes. Elle en est mieux fournie que tous les autres pays du monde ; cependant il est certain que le pays suffit à peine pour nourrir ses habitans. Ils auraient besoin d’un espace plus grand du double. Les laboureurs chinois sont pauvres, et chacun n’a qu’une petite portion de terre à cultiver. L’usage est que le seigneur tire la moitié de la récolte, et qu’il paie tous les impôts ; l’autre moitié demeure au laboureur pour unique fruit de son travail.

Le nombre des marchands dans toutes les parties de la Chine est incroyable ; ils sont tous d’une extrême politesse, et ne rejettent pas l’occasion de vendre avec le plus petit profit : fort différens des Japonais, qui sont au contraire grossiers, peu obligeans, et si opiniâtres, qu’après avoir une fois déclaré qu’une chose vaut vingt ducats, toutes les raisons du monde ne leur en feraient rien rabattre. Le père Le Comte représente les Chinois comme la nation de l’univers la plus propre au commerce,