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rer des habits de soie pour les jours de cérémonie, et de parvenir même, en peu d’années, à faire un commerce bien plus considérable. Cela paraît incompréhensible, et cependant les exemples n’en sont pas moins communs. Un petit marchand qui n’a qu’environ cinquante sous achète du sucre et de la farine de riz dont il fait de petits gâteaux qui sortent du four une heure ou deux avant le jour, pour allumer, suivant l’expression chinoise, le cœur des voyageurs. À peine sa boutique est-elle ouverte, que toute sa marchandise lui est enlevée par les villageois, par les ouvriers, les portefaix, les enfans du quartier et les plaideurs. Ce petit négoce produit en quelques heures un profit de vingt sous, dont la moitié suffit au marchand pour son entretien et celui de sa famille. En un mot, nos foires les plus fréquentées ne sont qu’une faible image de la multitude incroyable de peuple qu’on voit dans la plupart des villes de la Chine, occupé à vendre ou à acheter toutes sortes de commodités.

Il n’est pas surprenant qu’avec un commerce si florissant dans l’intérieur de l’empire les Chinois négligent beaucoup le commerce des pays étrangers. Par mer, on ne les voit jamais passer le détroit de la Sonde ; leurs plus longs voyages de ce côté-là se bornent à Batavia. Du côté de Malacca, ils ne vont jamais plus loin qu’Achem ; et le terme de leur navigation, au nord, est ordinairement le Japon.