Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 9.djvu/68

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nombre est employé dans l’intérieur des familles. Si l’on a besoin d’un habit, on fait venir chez soi, de grand matin, un tailleur qui s’en retourne le soir. L’usage est le même pour tous les autres artisans : ils apportent leurs instrumens avec eux, sans en excepter les forgerons et les serruriers, qui viennent avec leur enclume et leur soufflet pour les ouvrages les plus simples.

Les barbiers portent sur leurs épaules une sellette, un bassin, un coquemar, du feu, le linge nécessaire, et tout ce qui appartient à leur profession ; ils parcourent ainsi la ville avec une espèce de sonnette pour avertir ceux qui ont besoin de leur service ; et lorsqu’ils sont appelés, soit au milieu d’une rue, ou d’une place, ou à la porte d’une maison, ils se mettent sur-le-champ à l’œuvre. Ils rasent la tête, arrangent les sourcils, nettoient les oreilles, frottent les épaules, et tirent les bras, pour dix-huit deniers, qu’ils reçoivent avec beaucoup de remercîmens ; ensuite ils recommencent à sonner leur cloche. Les cordonniers vont de même par les rues ; ils raccommodent pour trois sous une paire de souliers, qui dure des années entières après cette réparation. Apparemment qu’ils ont un moyen de donner cette force au cuir.

Les pêcheurs se servent de filets dans les grandes pêcheries, et de lignes dans les petites ; mais l’usage de plusieurs provinces est d’employer à la pêche le leu-tze, espèce de cormo-