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celaine. Les chambres, les cabinets et les cuisines mêmes en sont remplis : on en couvre les toits des maisons, et quelquefois on en incruste jusqu’aux piliers de marbre et jusqu’au dehors des édifices, comme nous l’avons déjà observé.

La belle porcelaine, qui est d’une blancheur éclatante et d’un beau bleu céleste, vient de Kingté-tching, village ou bourg de la province de Kiangsi, extraordinairement vaste et peuplée. On fabrique aussi de la porcelaine dans d’autres provinces, comme dans celle de Quang-tong et de Fo-kien ; mais les étrangers n’y peuvent être trompés, parce qu’elle est différente par la couleur et la finesse : celle de Fo-kien est aussi blanche que la neige ; mais sans nul éclat, et n’est pas peinte de couleurs différentes. Les ouvriers de King-té-tching, attirés par la grandeur du commerce que les Européens faisaient à Émoui, y portaient autrefois leurs matériaux pour fabriquer de la porcelaine ; mais ils perdirent leurs peines, parce que cette entreprise leur réussit mal. Elle n’eut pas plus de succès à Pékin, où l’on porta aussi des matériaux par l’ordre de l’empereur Khang-hi. King-té-tching est ainsi demeuré en possession de fournir de la porcelaine à tout l’univers, sans en excepter le Japon, d’où l’on en vient prendre aussi.

Le père d’Entrecolles, missionnaire jésuite, ayant une église à King-té-tching, et quantité d’ouvriers parmi ses néophytes, obtint d’eux