Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/112

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—1o4— effet, la lettre que M. Tardieu nous adressa, au mois de novembre dernier, en réponse (!) à un article de notre collaborateur, M. Albert Giraud. Cette lettre, aussi sotte que malveillante, nous en avions épargné la publication à M. Tardieu. 'Il n'était pas alors candidat à la direction des beaux-arts. Nous la reproduisons aujourd'hui afin que l'on voie de quels sentiments est animé, vis-à-vis d'un groupe littéraire qui sera un jour la gloire de notre pays, l'homme qui brigue, avec la complicité de tous nos ennemis, la direction de nos intérêts artistiques. Ah ! qu'on la supprime, cette place inutile ! Qu'on supprime un à un tous les « rouages » de l'antique machine officielle des beaux-arts. L'art ne s'en portera que mieux. Et vive la liberté ! La Jeune Belgique (i) AU CARREFOUR DE LA MORT i Hélas, ton corps ! — ô ma longue et pâle malade, Ton pauvre corps d'orgueil parmi les coussins blancs... Les maux serrent en toi leur nerveuse torsade Et vers l'éternité tournent tes regards lents. Tes yeux, réservoirs d'or profond, tes yeux bigarres Et doux, sous ton front plane, ont terni leurs ardeurs, Comme meurent les soirs d'été dans l'eau des mares Mélancoliquement, dans ces grands yeux tu meurs. Tes bras qui s'étalaient au mur de ta jeunesse. Tel qu'un cep glorieux vêtu de vins et d'ors, Au long de tes flancs creux lignent leur sécheresse, Pareils aux bras osseux et sarmenteux des morts, (1) Nos plus chaleureux remerciements à l'Impartial de Gand, qui a vaillamment attaqué la candidature que nous combattons.