Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/115

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—1o7— IV Depuis que te voilà dissoute au cercueil sombre Et que les vers se sont tordus dans ta beauté, Et que la pourriture habite avec ton ombre Et mord en toi les nids de sa fécondité, Qu'il fasse aurore ou soir, mon âme est douloureuse Et stérile aux splendeurs des sites et des airs. Le jour, ta forme est là passante et vaporeuse, La nuit, ton long fantôme emplit mes bras déserts. Il m'apparait dans un orgueil pâle et candide, Debout, mais sèchement retouché par la mort. Peignant je ne sais quoi de triste et de splendide Dans le lissage en feu vivant de ses crins d'or. Il me regarde et ses regards semblent des plaintes D'un exilé lointain, doux et silencieux, Et telle est la douleur de ces clartés éteintes, Que chaque soir mes mains lui ferment les deux yeux. Emile Verhaeren Vers d'un volume (1885) resté inédit. HENRI DE BRAEKELEER (» enri De Braekelecr, dont se font honneur, maintenant que la mort l'a consacré dans la gloire, ceux qui dédaignaient naguère son génie trop ingénu, nous apparaît comme un grand maître, le dernier probablement de la pure tradition flamande. Car un déplacement d'axe et d'attractions s'est déjà depuis longtemps opéré et (1) Du 6 au 2o décembre 1891, cinquante-trois œuvres de Henri De Braekeleer furent exposées au Cercle artistique d'Anvers. Trente-huit d'entre elles, avec treize autres, furent exposées au Cercle artistique de Bruxelles, du 3o décembre 1 891 au 17 janvier 1892. — Voir sur De Braekeleer l'article ému que G. Eekhoud publia dans la Jeune Belgique du 1er septembre 1888 peu de temps après la mort de l'artiste.