Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/124

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—116— Par un geste d'amour quelles n'ont oublié, Mainte beauté savoureuse engage A se les souhaiter sur quelque rivage De Mai familier. Leurs vêtements d'ailleurs — Quoique les genoux et les coudes percent — Attestent qu'ils vécurent des lustres meilleurs : Car sur les pourpoints clairs salis par les averses, Sur les satins naguère orgueilleux de leurs fleurs, L'or cherche encore à sonner la grandeur D'une jeunesse aventureuse, D'une jeunesse ardente au fil de l'aube heureuse; Car de féeriques diamants, de bigarres rubis Se fondent au miroir d'émeraudes virides Sur les corsages amatis De ces Phrynés d'hier à présent que pallides! Et vraiment (tous parlent à la fois De vieilles choses) Elles se croient des reines, ils sont des rois. Nos plus riches apothéoses Seraient, à les ouir, indignes de leurs vœux; Et pertinemment ils élisent d'autres cieux Pour les impérissables rêves Peuplant l'infini de leurs heures brèves. Souvent, le soir, alors que tout s'endort, J'en abordai d'aucuns dont le silence Descendait avec moins de constance Les marches trébuchantes de la Mort, Et je leur demandai : O Vous, énigmatiques formes, Vous, errant mornes là, par d'anciens deuils courbés, Qui êtes- vous et quelles Normes Tiennent perfidement votre trésor caché? Quel espoir, dites-moi, tourne le gouvernail Des navires perdus sans voiles de vos songes; Quelles étoiles de mensonge Vous éloignèrent du bercail?