Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/125

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—ii7— Et tous, des yeux seuls, répondirent d'abord : Nous allons résignés vers le sort Attendant toute enfance Qui n'a plus la rayonnante Espérance A ses côtés pour ange-gardien... Puis Vun d'eux soupira : ne nous demande rien, Tes rives désormais nous sont étrangères; Notre règne a chu sous les noires colères Que sacraient d'infernaux tocsins Sonnés en fureur par ta main démente, Va, passe ton chemin! Hélas ! hélas ! pourquoi — Maligne certitude qui tourmente — L'idée depuis est-elle au fond de moi, Que toutes les portes sont closes, Sont closes pour eux, des jardins de roses Où jadis ils goûtaient d'angéliques émois... Ah! pourquoi leurs paupières Obstinément s'abaissent-elles vers la terre. Dédaignant la clarté joueuse aux alentours ? Parfois cependant — les jours Où c'est sur les jeunes landes plein soleil, Une femme dont le regard s'éveille Radieux etfier, tel un pur bonheur, Une femme comme une grande sœur — Très pâle et d'or sous son réginal diadème, Et qu'ils nomment la Foi — Une femme doucement les mène Loin d'eux-mêmes. Son bras, d'un geste fort, écarte le vieux bois De la porte s'ouvrant sur la lumière Musante des bruyères; Et ce serait la Joie aux multiples orfrois Pour ces tristes fous en effroi, S'ils pouvaient comprendre la fraîcheur lucide Mirée à s'éblouir aux ruisselles limpides. 8