Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/126

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—n8— S'ils pouvaient seulement... mais ils ne savent pas La floraison en avalanches sous leurs pas, Les oiselles éprises d'elles, dans les saules Dont la caresse souple effleure leurs épaules; Mais ils ne savent plus la saison à venir. Ils ne sont que des souvenirs Marchant vers d'autres souvenirs! Néanmoins la douce Foi les mène au loin ; Et cueillant d'aventure une branche Qui frôle ses hanches, Puis la piquant avec soin Dans la lumineuse chevelure épandue Autour de sa poitrine nue, Maternelle, elle se prend à dire : Comment ne pas sourire Tandis que tout sourit et se retrouve encor; Tandis que toute chose exalte un essor, Pourquoi rester parmi les brumes Que nul matin n'allume?... O mes chétifs, qui me suive\ ainsi, Sorte\ de vous, voye\ ! voye\ la vie ici Eperd ses liesses ; L'avrilée pour vous plaire a dénoué ses tresses Où brillaient ses doigts, Les Voix Parmi l'extase des berges Rêvent divines d'heures roses Et la libellule enivrée se pose Sur les roseaux des eaux d'où le bonheur émerge. Mais tous obscurément restent à leur souci; Tous demeurent fermés au jour joli, A la sérénité virginale des prées Parées comme des fiancées; Et le soleil agile par les bois N'est qu'un rappel de l' Autrefois Stérilisé Pour leur esprit toujours voilé.