Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/128

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—120— Alors de nouveau — parlant doucement De vieilles choses — Elles sont des renies, ils sont des rois; Alors de nouveau par d'étranges lois Ils ordonnent de plus riches apothéoses Pour leurs tacites vœux. Si lentement, si doucement ils parlent que la Foi Docile mais si triste, avec en ses yeux bleus Des larmes perlant sur sa main, Docile dolemment referme le vieux bois De la porte s'ouvrant sur la lumière Musante des bruyères... Et sa voix, mourante, profère, Pour la quantième fois! ces mots prestigieux : Je reviendrai demain! , ALBERT ARNAY REGRETS LOINTAINS A IWAN GlLKIN I Par des soirs amis, après de longues causeries, j'ai souvent, pendant de simples musiques émouvantes, senti le désir aigu d'elle. Celles que j'ai connues étaient trop précises pour ma pensée inquiète et j'adorais ses con tours flottants d'espérée. Toi qui m'es venue depuis, déjà m'apparaissaient tes yeux lourds de bonté ! Ce serait une nuit vivante où de laineux nuages passeraient vite vite sur le globe blanc de la lune : il n'y aurait que le charme immense de l'ombre pour te dire mon amour dans le vent fou des grèves, pleureuses du titille- ment de leurs herbes et du bruissement du sable qui vole. Ta tête échevelée serait sur mon épaule, ta tête attristée dont les baisers tomberaient comme résignés vers mes lèvres... La nuit m'est intime et bienveillante; auprès d'elle je retrouve mon âme blonde d'enfant ému d'aimer toutes choses, auprès d'elle je pleure des crimes imaginaires pour des tendresses méconnues et le clair de lune fouille mon cœur et l'ouvre. Ma voix, sous un voile de ténèbres amies, paraît être la