Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/134

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—126— Dans le domaine de l'art abstrait et synthétique, la meilleure chose du salon, c'est dans l'envoi de M. Colmant que nous la rencontrons : nous voulons parler d'un dessin intitulé : Rancœur, qui représente une vieille femme dont le regard fixe et méchant semble ensorceler un paysage mau vais. Ici l'effet voulu est atteint, par des moyens simples, bien disposés pour le faire ressortir dans toute son âpreté. De tous les artistes du Voorwaarts, M. Laermans promet le plus, et semble, par un ensemble de qualités très diverses, pouvoir s'élever le plus haut. Des dessins: Fin de siècle, Etre poète, aux intentions trop soulignées dans les accessoires, témoignent cependant d'une propension vers la syn thèse dont l'expression n'est pas encore bien personnelle. A côté de cela. Réflexions et reflets, une étude de jeune femme vêtue de blanc, est une analyse serrée de près des modifications de ton et de lumière. Dans le Vil lage qui sommeille, dans l'Idylle campagnarde, dans les Harmonies du silence surtout, un peintre très spécial s'affirme, avec le sens du coloris expressif et décoratif à la fois et le don naturel de l'unité. D'autre part, dans ces mêmes Harmonies du silence, dans Prélude, dans Plain chant, dans les Politiques du village par-dessus tout, s'accuse une aptitude à saisir sur le vif les types, les attitudes caractéristiques, qui ne va pas sans bruta lité, sans outrance caricaturale, mais où l'on sent l'emportement, la verdeur d'un tempérament audacieux. Une eau-forte, parmi d'autres, la Prière, des paysans groupés à la porte d'une église, joint à cette crudité d'observation une grande largeur de sentiment. Parmi les oeuvres de M. Laermans, qui sont presque toutes fragmentaires, incomplètement réalisées, c'est la plus nette et la plus significative d'un talent dont il est permis, sans doute, d'espérer beaucoup. Ernest Verlant LETTRE DE M. Ch. TARDIEU A Madame veuve Monnom, imprimeur de la Jeune Belgique, 32, rue de l'Industrie, à Bruxelles. Madame, La revue que vous imprimez a publié, dans sa livraison de novembre 180,1, un article dont le mauvais ton n'excuse pas les inexactitudes. J'aime les gosses, et qu'est-ce que la Jeune Belgique, sinon la Ligue des Gosses? A ce titre elle me serait plutôt sympathique. Mais il est certaines gamineries qui appellent une réprimande. Et puis les gosses sont faits pour être mouchés et remouchés. Vous permettez f Je prétends prouver à l'auteur de Pierrot Narcisse — un titre qui est un portrait — qu'il ne sait ce qu'il dit. Rassurez-vous, Madame, je ne songe pas, épuisant mon droit de réponse, à vous infliger le double de la tartine si laborieusement beurrée d'invectives par