—147— levait comme une vague, — Ses joues rosissaient comme l'aube, — Et de plus en plus rougissaient et s'enflammaient.. — Et tout à coup, comme un jeune soleil, — L'aveu d'or et d'amour — S'arracha de sa poitrine, — Et j'entrevis un monde nouveau ! XVIII O cheval ardent, ô cheval marin, — Avec ta crinière vert pâle, — Tan tôt calme, se laissant caresser de la main, — Tantôt rageusement enjoué! — Tu fus nourri par le tourbillon impétueux —. Dans le vaste champ de Dieu, — Et il t'a appris à bondir, — A jouer, à courir à ta guise! Je t'aime quand, tête baissée, — Dans ta force superbe, — Ebouriffant ton épaisse crinière, — Tout fumant et couvert de blanche sueur, — Tu diriges vers le rivage ta course effrénée — En faisant retentir ton joyeux hennissement ; — Bientôt tu lanceras tes sabots contre le rivage sonore — Pour éclater aussitôt en une poussière humide. XIX Cache-cache Voici ta harpe dans le coin habituel, — Les roses, les œillets fleurissent à la fenêtre, — Le rayon du midi s'endormit sur le plancher : — Heure convenue!... mais où donc est-elle? Ah! qui m'aidera à trouver l'espiègle? — Où donc s'est blottie ma char mante sylphide ? — La proximité magique, je la sens, — Comme un bien fait répandu dans l'air. Est-ce en vain que les œillets regardent narquoisement? — Est-ce en vain que sur vos feuilles roses, — Votre rouge est plus chaud et votre arome plus frais? — Ah, je comprends qui se cache, s'enfouit dans les fleurs! N'est-ce point de ta harpe que je perçois le son ? — Ne rêves-tu pas de te cacher dans ses cordes d'or ? —» Animé par toi, le métal frémit — Et son trouble délicieux se trahit encore! Les atomes de poussière dansent dans le rayon solaire — Comme les étincelles vives dans le feu natal! — J'ai vu cette flamme dans des yeux adorés, — Son enivrement m'est si bien connu ! Un papillon vient de pénétrer par la croisée — Et il voltige de fleur en fleur avec une feinte insouciance. — O, cesse de tournoyer, mon hôte bien aimé! — Puissé-je, aérien, ne point te reconnaître!
