Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/162

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-i54- Je l'ai prise sur mon cheval marchant au pas, et tout le jour je n'ai vu quelle; car elle se penchait vers moi et chantait une chanson des fées. J'ai fait une guirlande pour sa tête, et des bracelets, et une ceinture parfumée; elle me regardait comme si elle m'aimait, et elle se lamentait doucement. Elle me donnait des herbes de saveur douce, et du miel sauvage, et de la rosée, et certes, en son langage étrange elle me disait : je t'aimerai fidèlement . Elle me mena dans sa caverne d'elfe, et me regardait, et soupirait profondément et je fermai ses yeux tristes et étranges, et les baisant, je les endormis. Et nous dormions là sur la mousse, -et je rêvais, hélas ! le dernier rêve que je rêverai, sur le versant froid de la colline. Je vis les rois pâles et les princes, de pâles guerriers — d'une pâleur de mort tous; ils criaient : « la belle dame sans mercy te tient en esclavage ». Et je voyais dans l'ombre leurs lèvres mortes s'ouvrir au large pour l'horrible avertissement, et je m'éveillai, et me trouvai ici sur le versant froid de la colline. Et c'est pourquoi je demeure ici seul et pâle attardé, bien que les roseaux du lac soient desséchés et qu'aucun oiseau ne chante plus.