Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/172

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—164— vidualitc et nous l'ont transmise, pour qu'à notre tour nous la transmettions à nos descendants. Et l'on a la conscience d'aimer son pays d'un amour en quelque sorte physique; et on le sent bien, ce n'est pas une pure illu sion que le lien qui. dans le tourbillon tumultueux de l'univers, dans l'agitation perpétuelle des choses, rattache l'homme au sol natal et lui donne un point d'appui! Et de même, ce n'est pas une pure illu sion qu'une culture nationale, un art na tional, une littérature nationale. C'est , au contraire , la plus forte des réalités; c'est à cela que tout doit aboutir, c'est la loi suprême des peuples dignes de vivre. C'est pour cela que nos écrivains ont raison de relever le drapeau d'un art na tional; c'est pour cela qu'ils doivent à leur pays d'être de plus en plus eux-mêmes, de fortifier en eux les qualités qui leur vien nent des grands ancêtres. Et c'est pour cela que nous. Mesdames et Messieurs, nous avons à les saluer avec joie et que nous leur devons notre protection, notre appui et notre sympathie! » Tous nos remerciements à M. Prins. Sa grande réputation et la haute position qu'il occupe dans le monde scientifique et poli tique, où l'on n'a guère l'habitude de s'occuper de nos travaux, nous rendent ses encouragements particulièrement précieux. La galerie Lequime. . — On annonce la vente prochaine de l'une des plus intéres santes galeries particulières de Bruxelles. Il y a quelque trente ans. le Dr Jules Lequime commença à réunir quelques toiles; con naisseur délicat, il sut discerner, parmi les jeunes artistes d'alors, ceux qui étaient des tinés à porter les plus beaux noms parmi les peintres belges contemporains : Joseph et Alfred Stevens, Dubois, Boulenger, Artan, H. De Braekeleer , Verwée, Agneessens, Meunier, maint autre encore. L'ambition de M. Jules Lequime était d'affirmer que les paysagistes belges pouvaient lutter avec les meilleurs paysagistes français. Une trop rapide visite nous a à peine per mis d'entrevoir cette superbe collection, dont nous reparlerons. Signalons d'admi rables paysages de Courbet,— l'un surtout : des rochers d'où s'echappe une source, — d'une couleur admirable et d'une véritable grandeur; — de très beaux De Braekeleer, l'un surprenant : c'est un bouquet de roses blanches, fleurs et feuillages d'une tonalité étrange, presque mystique; — une Plage d'Artan, l'une des toiles les plus parfaites et les plus parlantes du maître mariniste; — le Canal de Dubois, dont la Jeune Bel gique a fait, l'an dernier, un ardent éloge; — un très attirant Alfred Stevens, tout rose et gris-perle, où flamboie la chevelure rousse d'une jeune femme singulière; un paysage de Félicien Rops; de très beaux Verwée, des Jongkind. un Daubigny, etc., etc. Question : L'Etat, monsieur l'Etat, dai- gnera-t-il songer qu'il y a là quelques-unes des toiles les plus intéressantes pour l'his toire de la peinture belge ? L'Art moderne consacre à notre colla borateur et ami M. Eugène Demolder, un très bel article, dont nous reproduirons des extraits dans notre prochain numéro. V Le mardi 8 mars M. H. Carton de Wiart a donné au Cercle de l'Institut Saint-Louis, une très intéressante conférence sur Barbey d'Aurevilly.