Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/177

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—i69— C'est toi le plus discret, et c'est toi qu'on écoute. J'y pense maintenant d'un cœur mal résigné : Un charme grave et tendre est dans ta voix d'aîné! Là-bas vous vous aime\l Là-bas l'âme, autour d'elle, Sent errer, même seule, une âme fraternelle! Mais un regret si doux rend l'exil plus amer : C'est en vain que mes yeux s'égarent sur la mer. Je le sais, je le sens... Mais en moi tout s'écrie : Qu'on est seul, loin de toi! Que cette île fleurie M'offre d'étonnement, de tristesse et d'effroi! Delquel élan meurtri le cœur s'en va vers toi ! » DOUX PAYS Loin de ce monde, loin même De vos songes les plus fiers, Comme une Thulé suprême Oubliée au bout des mers, Dans cet ouest où la gloire Du soleil d'été s'endort, S'édifie un illusoire Et lumineux pays d'or! Nul vent rude ne l'effleure, Tout n'est que sérénité! La fuite même de l'heure Apporte une volupté. Une brise musicale, Comme un luth éolien, Berce d'une haleine égale Son feuillage élyséen. Le soir n'est qu'une caresse; Là-bas tout est selon nous : C'est pour flatter ma paresse Que le \éphyr est si doux. Tout est loisir, tout est fêtes. Les nuages merveilleux Ne s'attardent sur les faîtes Que pour contenter les yeux!