Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/178

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-i70— Une eau chaste d'où s'exhale L'haleine des clairs matins Traîne ses replis d'opale Vers de fabuleux lointains. Vers quelle mer pacifique, Quel flot de sérénité, S'en va le cours magnifique De ce paresseux Léthé? Là-bas, sans doute, murmure Le mélodieux soupir O songes! d'une mer pure Comme un frissonnant saphir... Nulle splendeur importune Et nuls soleils indiscrets! L'éclat même de la lune N'effleure pas ces bosquets. Mais un divin crépuscule Caresse de sa clarté Cès bocages où circule Comme un souffle de bonté. L'ABSENT L'autre lui dit : « Qu'allef-vous faire? Voule\-vous quitter votre frère ? L'absence est le plus grand des maux... » La Fontaine. Les deux Pigeons. I « La joie même che\ toi m'est amère... O mon île, Un vœu trop châtié dans tes jardins m'exile. Sois moi douce à souhait; j'ai tout quitté pour toi! Tout! sans même un regret! Tout! sans même un effroi! La jalouse amitié des âmes les plus fières, Mille attraits partagés, mille joies familières, Et jusqu'aux entretiens d 'un cœur si généreux Que ce souvenir seul empêche d'être heureux! Dans quel beau livre clos ma vie était écrite! Une communion de sentiments d'élite