Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/18

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Violon de langueur, de joie et de bonté, Violon frémissant de joie et de tendresse, Qu'au lieu d'un mol archet de joie et de tendresse, Caresse, archet de retire, un glaive ensanglanté; Théâtre de bravade où d'étranges spectacles Mêlent si bien le prince et le roi des truands Que Paris prend le roi dé la Cour des Miracles Pour son prince, et le roi, pour le roi des truands; Charnier puant, nourri par des meurtres célèbres, Où, l'aiguille à la main, d'hystériques remords. Penchés, les yeux en pleurs, sur des martyrs célèbres, Recousent vainement les blessures des morts; Volière roucoulante où de souples reptiles D'or et d'ambre, lovés sous des rires de fleurs, Gueule bée et pareils à d'innocentes fleurs, Charment les colibris et les oiseaux des îles; Lit de pourpre, jonché de ventres blonds et roux, Lit farouche, étoilé de ventres roux et roses Que lacère, enivré par l'haleine des roses, Des serres et du bec un long vol d'aigles fous ; Douce chambre de paix, d'ombre et de solitude, Oratoire pensif aux vitraux merveilleux Où, le front incliné sur des livres très vieux, Un beau poète enfant chante sa solitude; Forge de frénésie où, jusqu'au bleu matin, Echappé du festin, dans la flamme avinée, Un frêle forgeron, du soir jusqu'au matin, A grands coups de marteau forge sa destinée; Forêt vertigineuse aux arbres flagellés Par le vent d'un galop furieux, chasse blême Où, dans un tourbillon de chevaux flagellés, Le chasseur se pourchasse et se traque lui-même! Pour colorer mon rêve et fleurir ma rancœur, O beau roi Charles neuf, penche vers moi ton cœur!