Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/181

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-i73- « Or, déjà ma blanche main — Est liée à la tienne, — Et cependant, mon pauvre cosaque, — Je ne t'ai pas dit toute la vérité. » III Le vent souffle de la montagne, l'obier ne mûrit pas, — Le cosaque aime sincèrement la fille, n'ose la posséder. — « Je n'ose te posséder, car je crains les mauvaises langues. » — « Ne les crains pas, ne les crains pas, ne crains pas la médisance : — Je lui tiendrai tête, et trouverai contre elle de bonnes raisons. — De la crête de la montagne se lèvent des aigles, — Ne connaîtrai-je donc jamais la volupté, — Voilà des années qui passent? » — « Attelez les chevaux, attelez les fougueux, — Courez après mes années, mes années de jeunesse... — Les avez-vous atteintes ou non sur le pont en obier? d — « Revenez, ô mes belles années, ne fût-ce que pour me revoir en passant! » — Nous ne reviendrons pas, nous ne revien drons pas, ne sachant chez qui. — Tu ne savais pas nous ménager comme ta propre santé ! IV Par le fond de la vallée — Une veuve chemina en s'appuyant sur un bâton ; — Une veuve chemina en s'appuyant sur un bâton, — Et tenant sur son bras un tout petit enfant. — Voilà qu'une fine pluie commença à tomber; — La veuve s'assit pour se reposer; — La veuve s'assit pour se reposer, — Pour soigner son petit enfant — Et pour lui parler : — « O mon fils, toi qui es mon seul, mon unique, — Ah! que tu es malheureux! — Maintenant te voilà orphelin — Et moi, jeune veuve. » — Un corbeau arrive des contrées étrangères, — Il s'assoit sur l'arbre au-dessus de l'eau, Et il parle à la veuve : — « Ne te tourmente pas, ma petite veuve, — Car je connais ton mari ; — Car je connais ton mari, — Et vais le voir trois foislejour;—Jemereposesursatête—Etydéjeune,etydîne:—Je dépouille son corps blanc, — Et transporte ses petits os jaunes — Sur les montagnes, dans les vallées, — Jusque dans les contrées étrangères. » — « Maudit sois-tu, noir corbeau! — Je te souhaite de crever — Pour t'être repu de mon mari. » V Sur la montagne les villageois moissonnent, — Et au bas de la mon tagne, — Au bas de la montagne verdoyante, — Les cosaques sont en marche, — Hey, hey, les cosaques sont en marche.