Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/202

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—i94— modèle, peu réussie. Mais la composition est noble et belle, le fond de paysage est charmant, les fleurs sont d'une merveilleuse fraîcheur, et l'on ne peut que louer le dessin, le mouvement et l'expression des deux figures d'anges, traitées dans le style réaliste des primitifs flamands, dont M. Fré déric a fait le sien. Les têtes des anges, de douces têtes d'enfants pauvres, l'une qui lève vers le ciel de beaux yeux extatiques, l'autre au regard abaissé vers la terre, sont des morceaux admirables, d'une haute valeur. A l'exposition de l'atelier Blanc-Garin, les visiteurs remarquaient, la plupart pour s'en esclaffer, des dessins et des peintures d'une jeune fille, Mlle Marguerite Hollmann, d'un caractère en vérité peu mondain, Mllc Holl- mann est une nature inculte et désordonnée ; son art visionnaire est sou vent incomplet, incohérent, peu conscient peut-être de ce qu'il s'essaie à proférer. Mais elle possède un instinct extraordinaire de l'expressif et de la signification spirituelle de la forme. Ses compositions à multiples personnages sont confuses et sans équilibre, pleines cependant de détails trouvés qui affirment une artiste de race. Il faut mettre hors de pair un portrait de jeune fille au crayon, d'une interprétation libre et originale et deux têtes peintes d'un très mince frottis de couleurs : l'une qui symbolise l'immortalité, une calme assomption dame qui garde encore l'assoupis sement du tombeau ; l'autre, un masque sauvage et tragique où des attributs de mort renforcent une expression de mystérieuse menace. Cela est d'un sentiment personnel et d'une réalisation presque parfaite, et cela prouve chez Mlle Marguerite Hollmann des dons d'artiste rares et hauts. Ernest Verlant