Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/215

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LA MORT DE L'ÉVÊQUE NICOLAS (LES PRÉTENDANTS A LA COURONNE) Hakon, le roi des Birkebeinern, en Norwège, n'est peut-être pas le souverain légitime ! Ce doute, l'évêque Nicolas, un prélat astucieux et méphistophélique, l'entretient dans l'esprit de l'ambitieux Iarl Skule, beau-père du roi Hakon. S'il y avait eu substitution d'enfants, si le véritable Hakon était mort ou avait du moins été écarté, le prétendu roi ne serait qu'un intrus, qu'un usurpateur, et dans ce cas le trône reviendrait de droit à Skule. La confession écrite d'un prêtre à qui fut confié autrefois le jeune Hakon éclair- cirait ce mystère. Or, l'évêque a promis à Skule de lui procurer cette pièce. Sur ces entrefaites, Nicolas tombe gravement malade. Il a fait appeler Skule et Hakon à son lit de mort. Ceci, pour aider à la compréhension des scènes suivantes traduites" du chef-d'œuvre d'Ibsen : TROISIÈME ACTE Une salle dans le palais épiscopal à Oslo. Porte d'entrée à droite. Au fond, une petite porte entrebâillée communique avec la chapelle illuminée comme pour un office solennel. A gauche, une autre porte revêtue d'une tenture donne accès dans la chambre à coucher de l'évêque. Sur le devant, du même côté, un lit de repos capitonné. Vis-à-vis de ce lit, un pupitre couvert de documents, de lettres et d'une lampe allumée. SCÈNE PREMIÈRE PAUL FLIDA, vassal de Skule. — SlRA VlLJAM, chapelain de l'évêque. (Au lever du rideau, la salle est vide et derrière la tapisserie résonnent des chants de moines.) PAUL FLIDA (entre par la droite, en costume de voyage; il s'arrête un moment sur le seuil, regarde autour de lui, puis frappe trois fois le sol de son bâton). SlRA VlLJAM (entre du côté gauche et s'écrie d'une voix contenue). — Paul Flida ! Dieu soit loué ! Alors le Iarl n'est plus loin. PAUL FLIDA. — Les navires ont déjà dépassé la côte d'Hovedô; mais j'ai pris les devants. Et l'évêque? SlRA VlLJAM. — Il vient de recevoir l'extrême-onction. Paul Flida. — Le danger est donc grave. SlRA VlLJAM. — Maître Sigard de Brabant dit qu'il ne passera plus la nuit. PAUL FLIDA. — Je crains alors qu'il nous ait fait appeler trop tard. SlRA VlLJAM. — Non, non, il possède encore sa connaissance complète, et même ses forces ne l'ont pas tout à fait abandonné. A chaque instant, il demande si le Iarl n'arrivera pas bientôt.