Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/217

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—20g— SlRA VlLJAM. — Monseigneur, le duc vous envoie un messager; il est éjà de ce côté d'Hovedô. NICOLAS. — Bien! Très bien! Le roi aussi arrivera bientôt. Je fus toute ma vie un grand pêcheur, Viljam ; je me suis conduit comme un chien à legard du roi. A l'instant les prêtres me disaient que j'étais lavé de toutes erreurs. Possible, mais il leur est facile à ceux-là de me promettre l'absolution ; ce n'est point eux que j'ai offensés. Non, non ; le plus sûr est de tenir mon pardon de la bouche même du roi. (En s'impatientant.) De la lumière, vous dis-je ! Il fait trop sombre ici. SlRA VILJAM. — On vient pourtant d'allumer les cierges. SlGARD (lui fait signe de se taire et s'approche de l'évêque). — Comment vous sentez-vous, seigneur? NICOLAS. — Assez bien ; oui, passablement, j'ai les mains et les pieds gelés. SlGARD (à mi-voix, en rapprochant le réchaud). — Hum ! Le commen cement de la fin. NICOLAS (avec effroi à Viljam). — J'ai donné ordre que huit moines prient et chantent cette nuit pour moi dans la chapelle. Ayez l'œil sur eux, car il y a des fainéants dans le nombre. SlRA VlLJAM (désigne, du geste, la chapelle où des chants résonnent qui se prolongent durant toute cette scène). NICOLAS. — Tant de choses encore inachevées, et devoir m'en aller à présent ! Tant de choses inachevées, Viljam ! SlRA VlLJAM. — Seigneur, songez au ciel! NICOLAS. — J'ai le temps; ce sera vers le matin seulement, à ce que dit Maître Sigard. SlRA VlLJAM. — Seigneur, seigneur! NICOLAS. — Donne-moi la mitre et la crosse! Songer! Songer! Cela t'es facile à dire. UN PRÊTRE (apporte les objets demandés.) NICOLAS. — Non, reprends la mitre, elle est trop lourde! Mais donne- moi la crosse. Bon, je suis armé, à présent. Un évêque! Le démon osera-t-il bien s'en prendre à moi ! , SlRA VlLJAM. — Y a-t-il encore quelque chose à vos ordres? NICOLAS — Non... Oui, pourtant. Ecoute, toi, Peter, fils d'Andres Skjaldarband. Tous font un si grand éloge de lui ! SlRA VlLJAM. — C'est vraiment une âme sans tâche. NICOLAS. — Peter, tu veilleras près de moi jusqu'à l'arrivée du roi ou du duc. Vous autres, retirez-vous en attendant, mais ne vous éloignez pas. (Tous se retirent à l'exception de Peter.) SCÈNE VI L'ÉVÊQUE NICOLAS. — PETER. NICOLAS (après une courte pause). — Peter! PETER (s'approche de lui). — Oui, seigneur.