Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

CHŒUR D'ANGES w uyez ! Fuyez ! Quittez le pays des bruyè res ! La lune est rousse au-dessus des marais : elle est pareille à de la chair d'agneau sanglante et strie le couchant d'une lueur de meurtre ! « Fuyez! Les villages pauvres ont éteint leurs âtres ; le râle des terriens qui som meillent sonne avec les refrains des cra pauds! « Fuyez sous les croix des moulins à vent, sous les clochers des frustes églises des Campines qui tremblent, comme aux jours des jac- queries, mais pour Jésus, leur fils à l'auréole ! « Fuyez ! Les fermes sont muettes sous les étoiles, et ^ les chaumes se sont vêtus de crêpes noirs, ainsi que les tambours des armées au jour de deuil des princes ! « Fuyez ! Les bruyères sont ouvertes devant vous. Là-bas, sous la dernière étoile, vous trouverez des prés : et leurs fleurs auront soif d'être foulées par vous, et toutes les bonnes choses de la terre protégeront votre exode ! « Mais fuyez ! Car Hérode est cruel! Ses soldats portent de grands (1) Extrait d'un conte inédit : La Fuite en Egypte. '5