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Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/238

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—23o— r glaives clairs; ils s'abattent sur les berceaux et se font donner en guise d'écus des gouttes du sang des enfants ! » Fuyez ! Ils cherchent le petit qui est né dans l'or et la lumière à Beth léem! Ils fouillent le giron de la vieille Flandre ! Allez et gagnez les dunes ! Là-bas vous trouverez des fruits suaves qui germeront pour le Christ et vous découvrirez de l'eau lustrale. Ici il pleut du meurtre sur le sein des mères et Jésus ne peut mourir que sur le Golgotha ! « Fuyez! Et que la fleur mystique s'épanouisse! Elle brille dans la nuit. Cachez, Vierge, sous votre grand manteau couleur de ciel, ces chairs trop lumineuses et trop fragiles! Passez doucement à travers les haies : le temps des épines n'est pas encore venu. « Fuyez! Demandez aux bergers qui passent le chemin qui conduit aux dunes de la mer! Là-bas des moulins flambent, les villes pleurent au fond de la province et les lueurs des incendies allument des crêtes de colère à l'horizon ! « Fuyez! Le glaive et la hache ne sont parmi les instruments de la Passion ! Fuyez ! Nos gorges sont haletantes et nous voudrions regagner leciel!» Ainsi, du haut des peupliers et des sapins, parlaient des anges éplorés. Ils avaient délaissé leurs harpes et leurs guitares aux cordes d'argent et leurs chapelles d'ivoire pour se mêler au bruit des feuilles. Eugène Demolder MON CŒUR DANS LA CAVERNE DE LA HAINE A Louis Delattre. Mon cœur dans la caverne de la Haine, Mon cœur dans la grotte, parmi les serpents, Mon cœur sous les parois qui dégouttent de haine, Mon cœur pantelant, Mon cœur prisonnier comme l'or du Rhin, Mon cœur piqué par le dard des vipères, Mon cœur enflammé de leur venin Dans l'antre du dragon Fafner,