—237— SCÈNE XIX Le duc SkuLE. — L'évêque Nicolas. SKULE (s'approchant de Nicolas). — Je vous salue et vous souhaite la paix, vénérable seigneur ! J'apprends que vous allez mal. NICOLAS. — Je suis un cadavre en bourgeon, mon cher duc ; cette nuit même je m'épanouirai et demain on s'apercevra de mon parfum. SKULE. — Cette nuit, dites-vous ? NICOLAS. — Maître Sigarddit même dans une heure. SKULE. — Et la lettre du prêtre Trond? NICOLAS. — Vous y songez toujours ? SKULE. — L'idée ne m'en sort pas de la tête. NICOLAS. — Le roi vous a fait duc; personne n'a encore porté ce titre avant vous, en Norwège. SKULE. — Cela ne suffit pas. Si Hakon n'est pas le vrai maître, il me faut tout le pouvoir. NICOLAS. — Hou ! Hou ! Quel froid, ici, j'ai les membres glacés. SKULE. — La lettre du prêtre, seigneur ! Pour l'amour du Dieu tout- puissant... avez- vous cette lettre ? NICOLAS. — Je sais du moins où la trouver. SKULE. — Où cela? Dites-moi, parlez! NICOLAS. — Attendez ! SKULE. — Non, non, les moments sont précieux ; je le vois, la fin approche — et, comme on me l'a dit, le roi va venir ici. NICOLAS. — Oui, le roi s'est fait annoncer; cela vous démontrefquel souci je prends de vos affaires... même en ce moment. SKULE. — Que comptez-vous faire ? NICOLAS. — Devinez. Ne m'avez-vous pas dit, lors du mariage du roi, que c'était son inébranlable confiance en lui-même qui faisait la force de Hakon? SKULE. — Eh bien ? NICOLAS. — Si je me confesse de façon à éveiller le doute en lui ; aussi tôt sa foi est perdue et, avec elle, sa force. SKULE. — Mais s'il est le roi légitime, seigneur, vous chargez votre con science d'un péché, d'un affreux péché ! NICOLAS. — Il sera toujours en votre pouvoir de lui rendre sa foi. Car avant de mourir je vous dirai où se trouve la lettre du prêtre. SCÈNE XX Les précédents. — Sira ViijaM. SlRA VlLJAM. — Le roi s'approche avec sa suite et ses porteurs de tor ches... NICOLAS. — Qu'il soit le bienvenu ! [Sira Viijam se retire.)
