Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/246

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—238— SCÈNE XXI Le duc Skule. — L'évèque Nicolas. NICOLAS. — Duc, un dernier service. Vengez-moi de tous mes ennemis. (Il lui remet une lettre.) En voici la liste. Si j'en avais eu le pouvoir, j'aurais fait décapiter ceux inscrits en tête. Skule. — Ne pensez pas à la vengeance, en ce moment; il ne vous reste que peu de temps. NICOLAS. — Je ne pense pas à la vengeance, mais au châtiment. Pro mettez-moi de brandir le glaive du justicier au-dessus des têtes de mes ennemis, lorsque je n'y serai plus. Ils sont vos adversaires autant que les miens ; lorsque vous serez roi, il faudra les exterminer ; me le promettez- vous? SKULE. — Je vous le promets, je vous en fais même le serment... Mais la'lettre du prêtre Trond... ? NICOLAS. — Vous saurez où la trouver; mais voici le roi : cachez-lui la liste de nos ennemis. SKULE (cache la liste). HAKON (fait son entrée par la porte de droite). NICOLAS. — Soyez le bienvenu au banquet funèbre, seigneur roi ! HAKON. — Vous avez été de tout temps contre moi; mais que ceci soit oublié et pardonné ; la mort balance les comptes les plus importants. NICOLAS. — Cette parole me soulage! Elle est merveilleuse, la clémence du roi ! Seigneur, ce que vous faites ce soir pour un pauvre pécheur vous sera rendu au décuple. . . HAKON. — Qu'il ne soit plus question de cela... Mais je vous l'avoue, j'éprouve une profonde surprise. Vous m'appelez ici afin d'obtenir mon pardon, et vous me ménagez pareille rencontre ? Nicolas. — Une rencontre, seigneur? Skule. — C'est à ma présence que le roi fait allusion. Seigneur évêque, vous pouvez affirmer sur l'honneur au roi Hakon que je n'ai appris son arrivée qu'en mettant le pied sur le pont d'Oslo. Nicolas. — Hélas! Hélas! Toutes les peines m'accablent! Voilà plus d'un an que, malade et impotent, je n'ai rien appris de ce qui se passait dans le pays; je croyais tout différend apaisé entre les membres de la famille royale. HAKON. — Je me suis aperçu que l'amitié entre le duc et moi n'est jamais ^ussi sincère que lorsque nous sommes loin l'un de l'autre. Je vous dis donc .adieu, l'évèque Nicolas! Dieu demeure avec vous au pays où vous allez vous rendre! (Il s'apprête à sortir.) SCÈNE XXII Les précédents. — Le roi Hakon. -