Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/253

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-245- Sur leurs grabats d'ordure et leurs couches de soie Hennir les cœurs lascifs, hurler les cœurs haineux, Criant : u Maudit soit-il, l'ennemi de nos Dieux ! « Qu'a sauvé ce Sauveur? Il a tué la joie! » — Et voici qu'on entend le Temple épouvanté Retentir jusqu'au fond des abîmes funèbres Et redire en l'horreur des tombales ténèbres : « Homme, que feras-tu de ta divinité? » IWAN GlLKIN LA DANSE DES RYTHMES FANTAISIE ITALIENNE A Lina Prandi | emblable à une musique vertigineuse branle dans le cerveau du poète la danse des rythmes, roule, tourne, se déroule, redouble, lente, rapide, précipitée, furibonde. Douces, limpides, claires et vibrantes, sourdes, sonores, dures, harmonieuses, les rimes s'élancent, se rencontrent, luttent, s'accou plent, murmurent comme le flot se brisant sur le lointain rivage; bruissent comme le vent dans les forêts; sifflent comme la tempête; résonnent comme le tintement des coupes de cristal ; à deux, à trois, strophes à strophes, poèmes à poèmes, les sons et les vers se brouillent, se heurtent, s'entrelacent .. Couverts de fer, comme les anciens chevaliers, ils se meuvent lents et graves avec la majesté des héros. Ils bondissent fiers et superbes comme le gladiateur dans l'arène qui connaît ses triomphes. Ils sont couronnés d'or, ornés de très fines pierres précieuses. Regardez-les, vêtus de brocart, de soie et de pourpre ; ne semble-t-il pas qu'une main enchantée ait dessiné leurs costumes ? Murmurants comme une harmonie plaintive, mélodieux comme les frémissements de la harpe touchée par les doigts d'un maître, doux comme le miel d'Himette, les vers d'amour racontent à Elle les suaves choses qui la font s'abandonner aux rêves dorés. O femme qui inspires au poète des vers si purs, si suaves, combien tu dois être jolie et grande ! Comprends-tu la mission qui te charge d'aimer, de 16