Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/26

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—18— En ces plaines de laines. Dites, me bâtiraisje un asile aux douleurs? Les douces laines comme des mains Réchaufferaient les cœurs Que transissent les pleurs humains. Les douces, les bonnes laines sont sûres . Elles foraient le tour de nos blessures Et nous seraient l'apaisement De nos peines d'interminablement, Brusques, n'étaient ces railleries Des chimères des broderies Et leurs croupes cravachant l'air Et leurs ongles et l'or au clair De leurs ailes diamantaires . Sur mes lentes tapisseries Les chimères de haine et de méchanceté Se buissonnent en pierreries. Elles dardent la cruauté des yeux, Qui m'ont troué de leurs regards, Aux jours d'erreurs et de hasards; Elles ont des ongles aigus et lents Et leurs caprices sont volants Comme des feux à travers deux; Bêtes de fils et de paillettes, Faites de stras et de miettes Et de micas de nacre et d'or, Comme j'ai peur de leur essor Et crainte et peur de leurs yeux, Couleur d'éclair parmi la mer! A quoi riment les tissus et les laines Pour les douleurs et pour les peines '! Les lentes laines pour les peines ? Je sais de bleus de ciel rideaux, Avec des fleurs et des oiseaux,