Page:La Jeune Belgique, t11, 1892.djvu/266

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—258— MEMENTO En souscription chez P. Lacomblez, édi teur, rue des Paroissiens, à Bruxelles : Les Hori\ons hantés, par Jean Delville, 1 vol. in-i6, 3 francs. Pour paraître en juin chez E. Deman, éditeur à Bruxelles : Ténèbres, par Iwan Gilkin, 1 vol in-4", lithographie d'ODii.ON Redon, 1oo exemplaires dans le commerce, prix : 15 francs. Chez M. Gomès, à Lisbonne : Paraiso Perdido, par Antonio de Oliveira-Soarès, 1 vol. in-40. Chez Voss, éditeur à Bruxelles : Le Fou raisonnable, par Arnold Goffin. On lit dans les « Lettres de Berlin » du Journal de Bruxelles : Je viens de recevoir un livre à couver ture illustrée sur laquelle un Pierrot d'une esthétique et d'un caractère contestables fait la nique à la lune. Cette image sert de frontispice au Pierrot lunaire du « poète belge » Albert Giraud, que M. Otto Erich Hartleben vient de traduire en allemand. Quand je dis vient de traduire, ce n'est pas toutàfaitexact.Ilyaunanquelespre mières de ces traductions ont paru dans la revue Nord et Sud, et M. Erich Hartleben en a lu quelques-unes en public. C'est l'ensemble de l'œuvre traduite qu'il donne aujourd'hui Je suis heureux de pou voir signaler à vos lecteurs cette apparition à l'étranger d'un poète français de Belgique. Après Maeterlinck, voici Giraud, et l'on verra quel accueil fait à ce poète la presse alle mande par cet article du Journal de Berlin, que je transcris en soulignant les éloges adressés à M. Erich Hartleben pour sa tra duction fidèle et compréhensive : « La lune allemande est bienveillante et bonne, elle éclaire doucement et aime à ver ser ses rayons argentés sur les amoureux qui se promènent parmi les fleurs en écou tant les battements de leur cœur et les pleurs mélodiques de Philomèle... » (Est-il nécessaire de rappeler que Philomèle est une pauvre princesse amoureuse devenue rossignol f C'est le cas de le dire, les Alle mands ont le romantisme mythologique.) — «Tout autre, continue le critique, est l'astre nocturne des Français. Méchante et rusée, coquette, adultère est la lune qui éclaire le monde gallique, et quant des poètes de France lui dédient des poèmes, ils ne sont pas tendres, mais humoristiques; pas sentimentaux, mais impertinents; pas timides, mais audacieux et pleins de rires sarcastiques : Un rayon de lune enfermé Dans un beau flacon de Bohême, Tel est le feeriquepoème Qu'en ces rondels j'ai rimé. « C'est ainsi que M. Albert Giraud expli que lui-même son Pierrot lunaire, qui contient une série de poèmes parfois baroques, mais témoignant d'une nature hautement originale et fortement poétique. « Le titre en est difficile à traduire. M. Hartleben l'a simplement transcrit; il n'en a apporté que plus de soin à la traduc tion des poèmes. Cette traduction est com plète. « L'année dernière, à la Société libre de littérature, il a lu quelques-unes des pièces traduites, mais ces poèmes ne peuvent réjouir que celui qui s'en entretient à loisir, dans le calme. Nous avons naguère attiré l'attention sur la beauté de cette œuvre de M. Giraud et fait entendre que, par exem ple, la pièce intitulée Les croix était une perle de lyrisme. « Nous en trouvons d'autres aussi belles parmi toutes celles que Pierrot, le penseur profond, le fripon, le coupable, adresse à Son Altesse la Lune, la jaune omelette; tan tôt c'est de l'humour qui ricane sous les larmes, tantôt une mélancolie amère, tantôt une insouciance sourieuse, tantôt une nui -